Triste premier mai pour tous ceux qui se rendaient à la grand-messe annuelle ou qui avaient choisi cette année pour leur voyage initiatique.

Deux heures au bord de la piste qui accueille les arrivées des avions visiteurs. Cela donne une bonne idée du rythme de cette partition dont les chefs d’orchestre sont les contrôleurs aériens volontaires.
Crédit photo: Hal Davis

Jack Pelton, le président de l’EAA (association des constructeurs amateurs nord-américains qui organise l’événement), a annoncé officiellement l’annulation de l’édition 2020. L’épidémie de COVID-19 qui sévit actuellement aux USA n’a pas laissé le choix aux organisateurs. Les volontaires, sans qui la préparation de cette fête annuelle ne serait pas possible, ne peuvent pas se mettre au travail mi-mai et cela rend l’organisation impossible. L’état du Wisconsin, l’état dans lequel se trouve Oshkosh, est sous le coup d’un « stay at home order » (confinement strict). Pas question d’accueillir des milliers de volontaires venant de tous les états américains.

Malgré la déception ressentie par tous, organisateurs, exposants, volontaires, habitants de la ville et visiteurs potentiels, il semble que c’était la seule décision possible. Jack Pelton a montré du courage en faisant cette annonce. La ville va être durement touchée d’un point de vue économique, cet événement étant, de loin, générateur de revenus pour tous les habitants. Certains commerces ou restaurants font 50 % de leur chiffre d’affaires pendant les mois de préparation et pendant Airventure.

Pour l’industrie, après l’annulation d’Aéro à Friedrichshafen en avril, c’est encore une mauvaise nouvelle. C’est traditionnellement à Oshkosh que les grosses décisions d’investissement des pilotes se prennent. Un nouvel avion ou un avion d’occasion, de l’avionique nouvelle ou une remise à niveau de l’intérieur, c’est généralement à cette période que les commandes se passent. On se rend sur place pour « magasiner », comme le disent nos amis canadiens, le matin on compare les promotions, on assiste aux présentations des nouveautés aux conférences techniques et, surtout, on bénéficie des prix promotionnels. L’après-midi, on regarde le show aérien, toujours ébouriffant, avant d’aller prendre un verre avec les copains et de rejoindre l’une des nombreuses « party » qui ont lieu chaque soir un peu partout.

En fait, les vendeurs d’avions, d’avionique, de moteurs, d’accessoires de tous poils font le plein de commandes pour la saison d’hiver, propice à l’immobilisation des avions pour la réalisation des travaux. Sans Oshkosh, on peut parier que les décisions d’achat déjà plus que tempérées par l’épidémie elle-même et les inquiétudes sur l’avenir de l’économie vont être bien moins nombreuses. Ce qui signifie une fin d’année encore plus sombre pour notre industrie.

Lundi matin, premier jour d’Airventure. Il n’y a encore pas grand monde sur les parkings…

L’annulation d’Airventure n’est pas le glas qui résonne sur notre industrie, annonçant sa mort. C’est juste une mauvaise nouvelle de plus. Cela signifie des emplois en moins, et une année morose. Alors tous les constructeurs et acteurs de l’aviation générale à qui nous parlons tous les jours, profitant des vidéoconférences, forfaits de téléphone illimités vers les USA et autres Skype, ont le même discours :

« On fait le dos rond, on attend, on préserve l’entreprise, on bichonne nos clients, on ne rate pas une seule vente, on revoit nos gammes de produits pour être sûrs qu’ils collent aux demandes que le marché exprime, et on attend l’année prochaine ».

C’est bien vers l’année 2021 que tous les regards se portent actuellement. Outre l’envie énorme de retrouver une vie normale, sans ce besoin impérieux de distanciation sociale, de masques de protection et autres moyens de défense, nous avons tous hâte de retrouver nos amis sur le tarmac, et de participer aux fêtes de l’aéronautique.

Oshkosh, c’est comme un festival de musique en plein air. Plein de passionnés qui communient en groupe. Ici, la distanciation sociale, c’est impossible!

Une année sans Oshkosh, c’est du jamais vu, cela crée un manque qu’il faudra combler de manière flamboyante dès que l’occasion s’en présentera. En plus, cela contribuera à faire repartir notre industrie et notre envie de voler toujours plus !