Mais moins que nous !

Même si nous devons nous conformer aux directives gouvernementales régissant ce second confinement, il n’est pas question de nous couper les ailes.

Lors de la première édition, le gouvernement a eu beaucoup de mal à gérer l’aviation générale. L’incompréhension des pouvoirs publics quant aux impératifs d’entretien et de maintien de navigabilité de nos appareils a failli nous coûter très cher. Et ce, à plusieurs niveaux, nos moteurs étaient la première source d’inquiétude. Au fur et à mesure des annonces quant au rallongement de la période de confinement, nous nous sommes trouvés face à une situation où les propriétaires et opérateurs d’aéronefs se trouvaient au pied du mur. Il devenait nécessaire de stocker les moteurs ou de les faire voler pour au moins une heure pour éviter les effets de la corrosion. De plus, les ateliers se trouvaient dans une situation très difficile. En effet, ils pouvaient continuer à exercer leur activité, dans le respect des mesures de distanciation sociale, mais sans aéronefs dans leur atelier, cette possibilité ne leur servait pas à grand-chose. Nombre d’entre eux ont souffert financièrement de cette période. Nous voilà donc une deuxième fois au pied du mur pour un minimum de quatre semaines. Mais voilà, nul ne sait ce que demain nous réserve et l’expérience prouve qu’une mesure de confinement initiale peut se prolonger…

Donc l’inquiétude en ce qui concerne l’état de santé de nos avions revient au grand galop.

D’autant plus que la saison est bien différente. Nous avons tous tendance à programmer l’entretien « lourd » (visites annuelles) pendant la période hivernale dans laquelle nous rentrons en ce moment. Nos ateliers sont en attente de ces avions et leur immobilisation signifierait une pression économique encore plus forte pendant leur plus grande période d’activité.

Certains pourraient être tentés de dire « Pas très grave, ce sont des travaux qui seront reportés plus tard, en fait les ateliers n’y perdront pas d’argent ».

C’est totalement faux.

D’abord parce que les charges courent et que la trésorerie s’amenuise jour après jour. Sans rentrées financières, il est impossible pour les ateliers de commander de pièces indispensables dont la livraison est conditionnée à un paiement à la commande. Il est difficile de garder son personnel lorsque le gouvernement refuse à un atelier les mesures de chômage partiel ou complet.

De plus, étalement des rendez-vous de maintenance oblige, un atelier va voir ses clients venir, mécaniquement, plus tard, rendant la gestion de la trésorerie encore plus difficile. Et pour les propriétaires et opérateurs qui verraient leurs renouvellement de CEN repoussé, c’est autant d’inquiétude quant au renouvellement ou non des mesures exceptionnelles prises pendant le confinement première version.

Cela pourrait aussi signifier qu’un certain nombre d’entre nous doivent faire face à une changement d’atelier chargé de l’entretien de notre aéronef, l’habituel ayant mis la clé sous la porte ou étant incapable de fournir les services nécessaires en temps et en heure. Cela signifierait que nos aéronefs pourraient se voir bloqués au sol, faute de CEN à jour en début de saison du printemps.

Rien n’empêche officiellement les vols, sauf, bien sûr, les mesures de confinement et d’éloignement au maximum de son domicile d’un kilomètre et la fermeture des frontières. Alors, oui, ce virus a la tête dure et nous en fait voir de toutes les couleurs. Mais cette fois ci, pas question de voir nos ailes coupées et de risquer, pour la deuxième fois dans la même année, de voir la corrosion opérer des ravages dans nos moteurs. Si le confinement se limite à quatre semaines, il n’y a pas grand danger. Mais en cas de prolongement les choses sont très différentes. Et, cette fois ci, l’AOPA n’acceptera pas que les propriétaires et opérateurs privés ne puissent pas prendre les mesures conservatoires nécessaires à la préservation des aéronefs en conditions opérationnelles.

Que l’on ne se méprenne pas, nous n’appelons pas à la désobéissance civique. Nous prenons simplement position pour affirmer haut et fort que le convoyage vers un atelier de maintenance, en concertation avec ces derniers, est une mesure essentielle pour préserver le secteur de la maintenance aéronautique. Après tout, la flotte d’aéronefs détenus par des privés, personnes physiques ou morales, est plus importante, en France, que celle des aéroclubs… Les garages, magasins d’accessoires auto restent ouverts. Les propriétaires de véhicules peuvent organiser le déplacement de leur véhicule vers ces centres pour en assurer l’entretien. Les aéronefs seraient-ils différents et moins dignes d’un entretien régulier ? Il faut donc garder raison et s’organiser pour que nos aéronefs puissent être entretenus, leurs papiers renouvelés pendant cette période et que l’on n’émerge pas victorieux d’un combat virucide seulement pour constater qu’il ne reste plus de structures d’entretien agrées capables d’intervenir et qu’après l’hiver, nos appareils ne soient toujours pas capables de reprendre l’air.