Voilà près de huit semaines que nous attendons de pouvoir revoler.
La situation est devenue absolument critique quant à l’entretien de nos moteurs et de nos cellules.Nous ne pouvons pas sursoir encore au convoyage de nos appareils vers leur centre de maintenance pour réaliser les opérations d’entretien indispensables à la survie de nos aéronefs. Cette situation n’a que trop duré et la France est les des deux pays les plus restrictifs, jusqu’à ce jour en ce qui concerne les vols techniques et les convoyages pour maintenance.
Nous avons reçu un déluge de demandes d’éclaircissement de la part de nos membres quant à cette reprise des vols.
Malgré le manque d’informations en provenance de notre gouvernement, voici ce que nous savons de la situation actuelle, assortie des recommandations de l’AOPA France pour la reprise de notre activité à compter du 11 mai 2020.Emmanuel Davidson
Président, AOPA France

Reprise des vols le 11 mai 2020

Après huit semaines passées à regarder le ciel, tous les pilotes et propriétaires se demandent si demain, 11 mai, à l’occasion du déconfinement nous allons pouvoir rejoindre nos avions et, enfin, les faire voler, au moins pour la santé des motorisations.

A cette heure, nous n’avons pas encore de réponse officielle.

Toutes les organisations représentatives de pilotes ou des professionnels de l’aviation générale sont dans l’expectative. Nous pensions que, grâce à la vigueur des travaux entrepris pendant la période de confinement et au soutien de la DGAC, les autres ministères concernés auraient à cœur de préciser les conditions dans lesquelles nous pourrions reprendre l’activité et soulager les ateliers de maintenance qui sont menacés de disparition.

Il n’en est rien. Nous avons beau avoir précisé quelles mesures sanitaires essentielles devaient être respectées, comment nous devions veiller à la désinfection de nos appareils, démontré que les propriétaires ne pratiqueraient pas de vols en compagnies de personnes étrangères à leur cercle familial immédiat, nous n’avons, pour l’instant pas reçu de nouvelles de notre gouvernement.

Alors, quoi faire ?

Plusieurs indices semblent indiquer, à mots couverts, que la reprise des vols est sérieusement envisagée et que la DGAC entend bien rouvrir le ciel.
Par exemple, ce NOTAM valable à partir du 11 mai que l’on peut consulter sur le site du SIA (donc une information officielle) :

LFFA-E1428/20
Q) LFFF/QSTAH/IV/ BO/ A/000/999/4845N00207E005
A) LFPN  TOUSSUS LE NOBLE
B) 2020 May 11  05:00 C) 2020 May 31  19:30
E) HORAIRES DU CONTROLE D’AD: 0500-1700,
EXTENSION POSSIBLE JUSQU’A 1930 SUR DEMANDE AVANT 1700 AU 0139566412
UNIQUEMENT POUR VOLS SANITAIRES.

Ce NOTAM nous explique que le terrain est contrôlé de 07 :00 Loc. à 19 :00 Loc. et que ces horaires sont extensibles (uniquement pour les vols sanitaires) jusqu’à 21 :30 Loc. Ceci indique donc que l’aérodrome est ouvert à la circulation aérienne publique.
Nous ne voyons donc aucune raison de sursoir à la reprise des vols sur le territoire national, sans franchir les frontières.
Il est esentiel que nos avions puissent voler à compter du 11 mai pour éviter des conséquences fatales à nos moteurs. De plus, les ateliers de maintenance n’ont pu accueillir que très peu de leurs clients. Cette situation risque de précipiter leur disparition dans un contexte de crise économique aigue.

La DGAC ayant publié une interdiction des vols de loisirs et sportifs, ne faut-il pas un texte officiel pour reprendre les vols ?

De nombreux pilotes nous ont adressé une copie d’un texte émis par la DGAC qui explique que les vols de loisirs et les vols sportifs sont interdits.

Nous remarquons les points suivants :

  • Cet écrit est un communiqué de presse de la DGAC, qui n’a donc n’a pas force de décret ou de loi dans notre pays
  • Le texte explique que le déplacement des citoyens étant limité par décret, il est impossible de se rendre sur un aérodrome ou un aéroport pour exercer les privilèges de sa licence, et qu’il est donc impossible de réaliser ces vols sans contrevenir au décret de confinement.
  • Nous n’avons pas pu trouver trace d’un document officiel interdisant les vols (décret, NOTAM, SUP-AIP ou autre)

Compte tenu de la nature de ce document (communiqué de presse), il ne nous paraît pas nécessaire d’attendre un écrit de la DGAC pour la reprise des vols à la condition que : 

  • L’aéroport/aérodrome ne soit pas officiellement fermé
  • Le pilote soit en possession des documents suivants :
  • Licence, certificat médical, pièce d’identité
  • Attestation dérogatoire de déplacement dite « nouveau modèle » durement remplie
  • Qualifications de classe, de type (quand nécessaire)
  • Conditions d’expérience récente* à jour ou prorogées selon les conditions édictées par la DGAC (attestation de révision avec instructeur ou de révision en autonomie remplie)
  • Les passagers éventuels puissent produire leur attestation dérogatoire de déplacement (nouveau modèle).

De plus, toutes les associations et fédérations sont tombées d’accord sur le fait que les règles de distanciation sociale, les gestes barrière et les mesures de protection sanitaires doivent impérativement être respectées :

  • Port du masque obligatoire lors de l’accès aux installations aéroportuaires/aéro-club/hangar
  • Respect d’une distance d’au moins 1.5 m avec toute personne étrangère aux personnes participant au vol
  • Désinfection des surfaces intérieures susceptibles d’être touchées par le commandant de bord et les passagers (dans le cas d’un avion pouvant être piloté par plusieurs pilotes distincts)
En respectant l’ensemble des points énoncés ci-dessus, nous ne voyons pas ce qui pourrait s’opposer à la reprise des vols de demain, lundi 11 mai.

Toutefois, un certain nombre de réflexions nous paraissent importantes :

  • Aucun d’entre nous n’a volé depuis longtemps. Il nous paraît sage de se questionner tant sur les points réglementaires (ou les règles internes des structures à laquelle vous pourriez éventuellement louer un avion) qui concernent l’expérience récente ou l’emport de passagers*. Sécurité avant tout !
  • Les associations de défense des riverains n’ont pas disparu pendant ces huit semaines. Elles sont même très actives, faisant remarquer à tous les habitants riverains à quel point l’interruption des vols a amélioré leur quotidien pendant cette période. Il est donc essentiel d’être irréprochables dans notre comportement, dans notre respect des trajectoires publiées et des limitations sonores lorsqu’elles sont en application (Exemple : Toussus, classement Calipso en vigueur, limitations de vols à certains moments en fonction du classement de l’avion)
  • Les riverains ne sont les seuls qui pourraient être ulcérés par la reprise des vols. Le citoyen lambda, qui vient de connaitre huit semaines de confinement, souvent dans des conditions pénibles, pourrait, lui aussi, avoir une image très négative de l’aviation générale si on venait à lui présenter, à une heure de grande écoute, le portrait d’une aviation qui sert uniquement à permettre aux privilégiés fortunés d’aller se prélasser à la plage, faisant fi de la limitation de nos déplacements à 100 km. Respectons donc cette limite de 100km pour les vols de loisir.
  • Par contre, convoyer son appareil vers un centre de maintenance éloigné de plus de 100 km est devenu pour nombre d’entre nous une nécessité absolue. Nos aéronefs se voient imposer des critères de maintenance précis, les constructeurs de sous-ensembles critiques émettent des instructions de navigabilité précises. Dans ce cas précis, prenez avec vous un document émanant de votre atelier qui atteste que vous effectuez un convoyage technique en vue d’une opération de maintenance critique et programmée.

* Rappel :

FCL.060 Expérience récente
Avions, hélicoptères, aéronefs à sustentation motorisée, dirigeables et planeurs. Un pilote ne pourra exploiter un aéronef pour le transport aérien commercial ou le transport de passagers :

1 En tant que PIC ou copilote, que s’il a effectué, au cours des 90 jours qui précèdent, au moins 3 décollages, approches et atterrissages sur un aéronef de même type ou classe ou dans un FFS qui représente ce type ou cette classe. Les 3 décollages et atterrissages seront effectués en exploitations multipilotes ou monopilotes, en fonction des privilèges détenus par le pilote et
2 En tant que PIC de nuit que s’il :

i) A accompli, au cours des 90 jours qui précèdent, au moins 1 décollage, 1 approche et 1 atterrissage de nuit en tant que pilote aux commandes d’un aéronef du même type ou de la même classe ou dans un FFS qui représente ce type ou cette classe.
ii) Est titulaire d’une qualification IR ;